• ENQUÊTE SUR L'INIDIVIDUALISME par Pierre Hordequin


    ENQUÊTE SUR L’INDIVIDUALISME

         L’individualisme a donné lieu à plusieurs interprétations, erronées pour la plupart et dues souvent à la mauvaise foi. Quoi qu’il n’existe qu’un seul Individualisme, il a fallu pour répondre aux attaques dont il est l’objet préciser son but et l’opposer à l’individualisme bourgeois avec lequel il était confondu.

         Uniquement parce que l’individualisme philosophique réclame pour l’individu une somme toujours plus grande de jouissances, on a voulu faire de ses partisans, des arrivistes, ne recherchant que des satisfactions matérielles.

         La plus élémentaire bonne foi écarte des pareilles suppositions. En effet, tandis que le bourgeois, uniquement animé du désir de parvenir aux honneurs et aux jouissances, use de tous les moyens sans exceptions (force, ruse, bassesse, etc.) écrasant impitoyablement ceux qui ne savent pas résister; l’individualiste cherche à se développer physiquement et intellectuellement, mais avec cette différence essentielle, qu’il rejette tous les moyens susceptibles d’atteindre la liberté d’autrui.

         Le bourgeois, pour parvenir, a besoin d’une masse ignorante et servile et d’une organisation autoritaire, appuyée par l’ensemble de rouages qui constitue la société actuelle. On sait ce qu’engendre cette organisation.

         L’individualiste ne veut d’aucune autorité, ni pour lui, ni pour les autres. Il prétend que les rapports entre hommes peuvent être parfaitement cordiaux, à condition de dispenser à tous un enseignement approprié, qui fasse de chaque être, non plus comme aujourd’hui une brute inconsciente, mais un individu éclairé, connaissant nettement son intérêt, lequel ne peut être que de développer harmonieusement toutes ses facultés dans un milieu amical.

         De deux Individualismes, l’un donnant naissances aux monstruosités que l’on connaît, l’autre s’efforçant d’abolir entre les hommes les rivalités et les luttes sanglantes, ce dernier, certes, recueille ma préférence.

         Il fallait bien que l’Individualisme fut un sentiment puissant, pour perdurer à travers les persécutions, poursuites et calomnies qui, de tout temps, l’ont harcelé. Qu’est l’Individualisme, sinon la mise en relief de valeurs exceptionnelles accolées chez certains types ? Qu’est-ce ? Sinon l’impérieuse poussée de la vie qui veut s’étendre et brise les cadres où on voulait l’enclore ?

         Partout où s’accomplit une action d’éclat, partout où surgit un chef-d'œuvre, où naquit un système nouveau (quelque chose enfin d’inconnu, capable d’apporter le mieux au sein de la société), toujours cette conquête procédait de l’individualisme; facteur d’énergie, essence de toute recherche et de tout effort sincère.
         On les appela de divers noms : Mécréants, perturbateurs et quelquefois génies, suivant que les maîtres trouvaient danger ou profit à la doctrine nouvelle. Dans le premier cas, le bûcher ou la roue; aujourd’hui, la consécration officielle des idées jadis si mal jugées ! Ces exemples devraient mettre en garde contre les jugements prématurés, mais la foule aujourd’hui, ignorante et fanatique comme celle d’hier, se laisse aussi facilement suborner par ceux qui ont de grasses prébendes et que menace l’idée nouvelle.

         L’Individualisme, comme toute chose, a évolué au lieu d’être un cas isolé. Il est devenu une règle de vie et cela avec l’appui de la science. A mesure que les causes des phénomènes naturels étaient mieux connues, tout se pouvait rapporter à des influences extérieures. Les mêmes influences agissent sur l’homme, déterminant son mode d’organisation, sa façon d’agir et ses sentiments.

         C’est sur cette base que s’élevait la critique individualiste, rapportant aux préjugés, aux institutions, à la morale, à l’autorité, à l’ignorance, tous les maux, toutes les laideurs, le crime, la folie, la misère; tout, absolument tout, était crime social. Pour permettre à l’individu de se développer harmonieusement, l’individualisme rejette toutes les puissances qui prétendent accaparer son activité.

         Après en avoir démonté le néant et le danger, il dit à l’individu : “Reporte toi vers toute la sollicitude et tous les efforts que tu concèdes aux monstres et aux fantômes. C’est toi seul qui importe de conserver et de suivre. Hâte-toi d’utiliser tes forces pour te créer de la joie, refuse-les à quiconque ne t’offre que d’illusoires promesses, sois dur à tout ce qui veut te détourner de ta tâche, pare ton esprit pour jouir des joies du monde.

         L’Individualiste sers donc sa propre cause et il la sert avec d’autant plus d’ardeur qu’il la sait subordonnée à une existence très courte. Pourquoi servir une cause étrangère ? A qui vont les sacrifices et les profits ? A la Patrie, à l’Humanité ? Mais derrière la Patrie, derrière l’Humanité, l’individualiste a vu les prêtres et les pontifes se gavant et se gaussant dans l’ombre, utilisant au plus tôt, et pour leur plus grand bien, les services des dupes.

         Il faut, dit-on, se dévouer au bien public, servir l’intérêt général, mais qui dit cela ? Des repus, qui multiplient leurs jouissances avec la hâte de ceux qui craignent de les perdre. Ainsi donc, tous les grands mots sont des voiles jetés sur des appétits grossiers et destinés à cacher le plus vil égoïsme. Voilà la vérité: sous le couvert de motifs variés, chacun travaille pour soi. Eh oui ! voilà lâché le mot maudit, la vérité détestée, tout n’est qu’égoïsme !

         Mais l’égoïsme est chose honteuse, aux yeux des moralistes et des maîtres. Qu’arriverait-il, si semblable vérité s’imposait à tous, qui vêtirait, nourrirait, logerait, entretiendrait en un mot dans le luxe et dans le farniente, la poignée de jouisseurs qui pressurent le monde ?
         Sus donc à l’égoïsme ! Tous altruistes, généreux, dévoués au bien public ! Dominant toutes les vociférations, l’Individualiste se déclare tout simplement égoïste. Il n’agit et ne veut agir que par plaisir et ne diffère en cela des autres hommes que par sa franchise. Nous en verrons plus loin les conséquences et comment de l’égoïsme peut découler l’entraide et l’harmonie entre des égoïstes “conscients”.

         Il ressort clairement de ce qui est dit plus haut, que loin de spéculer dans le vide et de jongler avec les mots, la philosophie individualiste serre de très peu la réalité, ayant toujours un objectif tangible : l’individu; et se refusant à envisager tout perfectionnement du milieu, s’il n’a d’abord été obtenu chez ses composants.

         Des milliers de faits confirment les déductions de l’Individualisme, rapportant au déterminisme biologique et social la conduite individuelle. Tandis que les théoriciens du socialisme proposent comme palliatifs aux inégalités sociales d’autres systèmes de gouvernement plus ou moins autoritaires, l’individualiste les rejette tous, leur reconnaissant à tous la même impuissance pour élaborer un milieu véritablement propice à l’éclosion de toutes les valeurs individuelles.

         Pour lui, le monde est mauvais, parce qu’il est la somme d’individualités mauvaises. Une autorité féroce accable tout effort de libération; parce que, pris isolément, les individus sont des autoritaires, des tyrans et des ambitieux.

         Les pires mensonges, les préjugés les plus ridicules s’étalent impudemment, parce que, pris isolément, les individus sont des ignorants, des fourbes et des avachis. Il faut donc, pour supprimer les institutions oppressives, que l’oppression cesse d’être pratiquée en particulier.

         Mais pour que l’Individu tourne sa colère et son mépris vers ses bourreaux véritables, c’est-à-dire ses instincts les plus bas, il faut qu’il sorte de sa grossière ignorance; qu’il se dépouille de sa vanité et de sa crédulité et se reconnaisse enfin seul qualifié pour fixer sa conduite et déterminer ses rapports avec ses semblables.

         L’individualiste n’est investi d’aucune mission et n’accepte pas de se vouer à la rénovation de l’espèce. Ce qu’il poursuit, c’est le perfectionnement du moi poussé aussi loin que possible, son désir de transformation collective se bornant à communiquer sa philosophie à ceux qui veulent l’entendre, d’où répercussion forcée du milieu dans la mesure où il est évolué.

         Pourquoi s’intéresserait-il au sort d’une masse qui lui est franchement hostile et qui ne peut s’attacher qu’au prix de concessions qui déforment ses idées et restent sans profit pour lui ? Qu’irait-il se mêler aux luttes mesquines évoluant autour d’une pitoyable question de salaires, et dont l’étroitesse n’a d’autre résultat qu’éterniser la lutte entre exploités et exploiteurs, sans que ne s’élève la mentalité des premiers ? C’est en dehors des fédérations et de toute organisation autoritaire que veut agir l’individualiste.
         On nie la valeur de l’individu isolé qui fuit la foule et médite dans le silence. Pourtant, loin des tribunes retentissantes, il oeuvre utilement, débarrassé des préjugés et des coutumes idiotes; il traverse la vie, jouissant de l’air pur, goûtant dans le rêve et l’étude l’immédiat bonheur, que d’autres placent si loin qu’ils n’y peuvent atteindre.

         Il se crée sa joie, développe ses facultés, recueille ses forces, et un jour se dresse en face des turpitudes des maîtres et de la veulerie du troupeau. Sa révolte éclate, affirmant son droit à la vie et secouant d’épouvante la caste des profiteurs, et aussi la horde des esclaves que tout geste viril fait hurler. D’ailleurs, l’activité individualiste est multiple. L’un creuse des problèmes d’hygiène et d’alimentation, expérimente des régimes; un autre est attiré par des questions d’éducation, un autre encore multiplie ses rapports avec ses camarades, en retirant d’utiles enseignements.

         Les uns, pour lutter, recherchent la foule, les autres s’en éloignent, chacun agit d’après son tempérament et en dehors de tout mot d’ordre, marquant, suivant sa puissance et ses capacités, la trace de son passage. Ce sont de tels efforts additionnés qui produisent à la longue de vraies et durables transformations.

         L’individualiste ne connaît pas de lectures pernicieuses, il n’accepte ni ne rejette en bloc aucune théorie, trouvant partout à glaner quelque chose d’utile. Il ne craint pas d’accompagner Nietzsche dans sa poursuite des sommets, car le penseur allemand égrène au cours de la route de fortes vérités. Mais l’individualiste n’est pas un suiveur, non plus qu’un esprit flottant que convainc la dernière parole entendue.

         Toute doctrine, si grande fut-elle, se heurte à son modeste acquis, il ne retient que ce qui cadre avec sa vue personnelle du monde. C’est avec joie qu’il parcourt les chapitres où se précise, vigoureuse et fière, la magistrale figure de Zarathoustra; sa joie est grande quand il fuit la foule, plus grande encore quand il la fustige; mais, quand affolé par la science et par son élévation, il redescend parmi les hommes avec le titre de demi-dieu, l’individualiste sourit, comme aux légendes dorées des vieux contes.

         Dans son dégoût de l’ambiance infâme, Nietzsche s’élance au-delà des réalités et, devenu l’esclave de son rêve, il oublie les contingences et créant deux catégories absolues, il abolit de ce fait, l’individu lui-même.

         Stirner manie la critique avec une merveilleuse sûreté, tous les abcès crèvent sous son scalpel implacable, l’autorité s’écroule sous l’effort patient du philosophe, examinant froidement ses éternels soutiens, la foi et l’ignorance.

         A mesure que s’amoncellent les ruines, un être nouveau se dégage, revendiquant pour lui le monde, réhabilitant toutes les aspirations de sa chair et de son cerveau; se considérant, en un mot, comme le but de son activité; c’est ainsi que je conçois l’individualisme, m’abstenant toutefois d’indiquer comment se comporteront les futures associations “d’égoïstes”.
         Certains écrivains voient un danger et un nom sens dans l’abstention de l’individu dans la mêlée sociale. Ce point de vue est complètement faux. L’individualiste ne se dérobe pas, il lutte constamment, le but de ses efforts demeure constamment identique, obtenir tout de suite un avantage.

         Avantage matériel, moral ou sentimental, il faut que l’effort produise quelque chose. S’il s’écarte des syndicats et des comités multiples, c’est qu’on y accomplit une besogne stérile, toute de surface, et qui laisse subsister chez ceux qui y participent toutes les tares qui sont justement la cause de l’état de choses actuel.

         D’autres, mus par le souci de conserver à l’individu toute son autonomie et l’acquis de son effort, le veulent seul maître de disposer du produit de son travail. De telles idées nous ramèneraient (prétend-on) exactement au régime actuel. Je pense que l’individu est en droit d’expérimenter une pratique en s’entourant des garanties qu’il juge utiles, quitte à les rejeter ensuite s’il les trouve superflues.

         En somme, l’individualiste ne peut se concevoir que comme un être raisonnable et il n’est pas douteux, qu’entre plusieurs systèmes fonctionnant sous ses yeux, il n’accorde sa préférence au plus avantageux, lequel sera toujours celui qui fortifiera l’entente des égoïstes sans jamais amoindrir ceux qui y participent.

         Rien en dehors de lui ! Rien au-dessus de lui ! ainsi pense l’Individualiste. Il n’accepte aucune règle morale émanant de soi-disant sages. Sa morale découle de ses états physiques et intellectuels, elle est le reflet de ses actes appliqués au maintien de l’équilibre entre ses divers organes. 

         L’Individualiste ne fait pas telle ou telle chose parce que la morale les défend, mais parce que sa raison les réprouve et que son intérêt primordial veut que la confiance et la loyauté président à ses rapports avec ses co-associés. La morale individualiste est donc une morale d’intérêt. S’ensuit-il qu’elle soit rétrécie et limitative du plein épanouissement ? Bien loin de là, car l’intérêt bien compris s’applique à tous les domaines de la vie et s’étend aussi loin que les facultés. Il est d’ordre social, économique, intellectuel et sentimental.

         L’Individualiste ne veut pas exploiter afin de ne pas l’être, il ne veut être la cause d’aucune souffrance afin de n’en pas devenir l’objet, il désire ses compagnons sains et instruits, afin de tirer agrément de leur fréquentation. Il trouve plaisir et bonheur aux belles choses et il s’applique à les multiplier.

         Il ne laisse pas son camarade dans l’embarras, mais dans ce geste, il n’y a pas l’ombre d’un sacrifice, pas la plus petite trace d’altruisme, l’égoïsme seul l’a dicté. Dans chacun de ces cas, nous voyons l’individualiste soucieux du bonheur de son entourage, et pourtant, c’est toujours sa propre cause qu’il sert, il a conscience d’associer son effort à d’autres efforts intelligents qui s’additionnent pour le plus grand profit de chacun.
         En rejetant l’emploi de l’autorité et en refusant de s’y soumettre, l’individualiste dénie à la société tout droit de contrôle sur ses actes. Il est contre tous les principes sociaux : discipline et autorité. Il sait ce que vaut la discipline pour en avoir éprouvé la dureté.

         Elle saisit l’enfant dès sa naissance, et ne lui laisse de répit qu’il ne soit devenu parfaitement malléable et prêt à toutes besognes qu’on lui imposera. Lors, les titres et les formules susciteront son servile respect, il sera l’ouvrier honnête, l’époux légal, le votard ponctuel, l’homme des expéditions guerrières, l’esclave en un mot.

         Discipline et conscience ont tôt fait d’étouffer la conscience et de tuer toute initiative. Ne voulant ni exploiter ni mettre quiconque en état d’infériorité, l’individualiste n’a que faire de la discipline, elle n’aurait d’ailleurs aucune raison d’être dans un milieu libre où la propriété serait abolie ainsi que les abus et les privilèges qui en résultent, elle n’aurait rien à y réprimer, car la malfaisance privée de son foyer favori : la misère, aurait forcément disparue.

         Nous avons vu l’Individualiste s’écarter systématiquement de tous les partis qui veulent, soi-disant, transformer la Société et instaurer le bonheur universel. C’est qu’on ne transforme pas une société sans avoir préalablement modifié les mentalités de ses membres.

         Pour lui, ceux qui font nombre au sein des syndicats et partis révolutionnaires n’ont pas une mentalité plus intéressante que l’ensemble de la masse, et l’idée de subir des lois faites par eux n’enchante nullement l’anarchiste.

         Ne constate-t-il pas chaque jour leur intolérance, ne les voit-il pas travailler à détruire le peu de liberté dont jouit l’individu, même sous le joug capitaliste ? Intolérants ils sont, et non moins féroces que les maîtres actuels, car quiconque n’est pas des leurs est impitoyablement pourchassé.

         Le jaune (parfois plus intéressant que le syndiqué) peut crever, privé de boulot de par l’action consciente des chevaliers de la chaussette à clous; ils iront se repaître de son agonie, avec la joie cruelle des fauves dont-ils sont les dignes descendants. En admettant même qu’à son origine un groupement soit animé du désir de faire oeuvre intéressante, il en est vite détourné par le peu d’intérêt qu’inspire son programme.

         Pour grandir, il rectifie bientôt son tir; d’éducateur, il devient berger. La métamorphose s’opère plus ou moins vite, mais elle est inévitable. Il n’y a rien à faire avec des gens qu’il faut séduire et flatter pour amener à soi, il faut continuer pour les garder, et au syndicat on continue, on continue si bien que les brutes organisées demeurent des brutes quand elles s’organisent. On conçoit fort bien que l’individualiste s’écarte d’un tel milieu et le combatte. La seule besogne sérieuse se ramène à une question d’éducation. Certes, toute la masse n’est pas éducable, la partie qui en est susceptible, peut se saisir partout.

         L’individu est beaucoup plus susceptible de profiter de l’éducation à l’extérieur du syndicat. Ce dernier accapare, en effet, toute l’intelligence de l’Individu, et le rend très souvent inapte à la réflexion et à la critique, parce qu’il est soucieux de la discipline et pris tout entier par questions qu’il s’est habitué à considérer comme essentielles et primordiales.

         Si indiscipliné et inorganisable qu’il soit, l’individualiste n’en fait pas moins de bonne et durable besogne. Il s’efforce d’édifier dans la mesure du possible le milieu de ses goûts, il s’entoure à cet effet de compagnons, débarrassés comme lui de préjugés, et leurs efforts se réunissent tantôt pour effacer les tares qui subsistent en eux, tantôt pour développer davantage leur personnalité.

         Leur conduite raisonnable est la meilleure propagande qu’ils puissent faire, et leur exemple ne peut manquer d’influer sur les milieux qu’ils fréquentent. Ainsi l’Individualiste s’écarte autant qu’il peut des institutions et de ceux qui en sont le plus sûr soutien. Comme il a été répété maintes fois, cela ne signifie pas qu’il s’isole et s’enferme dans un mépris absolu des hommes et des choses. Ses semblables ne peuvent l’intéresser qu’autant qu’il les trouve bien disposés à son égard, ou qu’il conçoit la possibilité de les amener à cette disposition.

         Quant aux institutions qui ont toutes pour but de l’asservir, il ne saurait leur accorder son appui, ni chercher à les améliorer, car toutes reposent sur l’autorité, et l’autorité c’est la force, lois et police imposant des obligations et laissant subsister rivalités et bassesses, haines et douleurs.

         Il ne prétend pas les abolir par ses seules critiques et peu lui importe qu’elles concourent à les faire disparaître plus tard. Aussi d’efforce-t-il de leur échapper dès maintenant. Il s’éloigne des besognes qui abrutissent et tuent. Il tourne la loi autant qu’il le peut et sait préférer, quand il est pris, la mort au supplice de la captivité. Il prétend, par cette attitude, porter des coups mortels aux institutions qui l’écrasent, bien mieux que par des déclamations.

         Que chacun cesse de respecter ce qu’il considère comme nocif; que chacun porte hardiment la main sur les biens dont il veut sa part, la propriété individuelle cesse d’exister. Que chacun se refuse d’être un instrument de répression, la Société s’écroule, que les individus s’associent entre eux pour produire ce qu’ils ont besoin, l’exploitation s’évanouit. Alors seulement, une ère de bonté pourra luire, nul ne voulant asservir autrui et n’en possédant aucun moyen.

         Pierre HORDEQUIN



  • Commentaires

    1
    individualiste23
    Vendredi 23 Mai 2014 à 18:48

                                          Bonsoir,

     

     Super petit texte,définissant bien l'individualisme anarchiste comme je le conçois.

    Etant plus que novice en informatique,je désirerai si tu le peux que tu me le fasse parvenir en format PDF.Je suis également preneur de tous textes du même acabit,je suis preneur!

    Je te remercie par avance.

                                               Amicalement    C.lafont.

    PS:Je cherche depuis un petit bout de temps la brochure"la philosophie de l'égoisme" de james l walker traduite par E.ARMAND.Si tuas sa dans tes archives...

     

     

     

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