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ALIENATION PERMANENTE Par Dominique David

   Il y eut les prêtres, les hommes et femmes de Dieu,, les politicards, les médecins et les instituteurs qui, à la ville comme dans les villages, usaient de leurs statuts pour établir leur domination sur les bons bougres qui de génuflexions en révérences portaient à ceux-là une considération sans faille.

          Dans les familles paysannes, on tâchait de marier les enfants avec ces gens de pouvoir de sorte que les marieurs puissent aussi bénéficier de cette respectabilité par alliance. Or, dans la plupart des cas, les notables ne s'épousaillaient qu'entre notables ne voulant rien céder de leur magot et par conséquent de leur pouvoir. Les paysans devaient alors se marier entre paysans et, de préférence avec la famille la plus riche. 

          Les paysans qui travaillaient la terre n'avaient pas le temps aux études, harassés par une longue journée de labeur, les choses délicates étaient réservées aux gens qui savaient en porter sur eux-même le raffinement nécessaire. Le livre y était rare et on le réservait non seulement aux gens qui en faisait profession mais surtout qui étaient supposés savoir

          Le petit enfant, outre l'autorité du père, devait aussi subir celle du curé, comme celle de l'instituteur. Devenu adulte ou presque, il était enrôlé ou pour la guerre ou pour la caserne quelques temps qui devait, disait-on, faire de lui un homme.

          La femme, considérée bien pis que comme l’inégale de l'homme, mais inférieure à celui-ci et était assignée à des tâches précises dans la plus grande servitude et sous l'autorité quotidienne de son mari.

          Les petites filles, modelées à cela n'avaient que le choix de la révolte ou de la soumission.

Les filles d'un côté, les garçons de l'autre, dans ces écoles qui les séparaient, en faisaient, hors mis dans des fratries où ils pouvaient se retrouver, l'un à l'autre de parfaits étrangers.

          Les choses de la vie, l'hygiène intime et la sexualité étaient tues, la masturbation même absolument bannies et de frustrations en frustrations, c'est à l'adolescence que l'on se rencontrait pour découvrir on se ne sait comment ce que l'autre pouvait avoir d'excitant.

          Le rêve des familles étaient quand même, et ça l'est resté, de faire partie des exploitants afin de n'être plus exploités alors si l'on pouvait marier la fille ou le garçon à quelque notable, c'était là une riche affaire.

          L'Eglise allant de pair avec l'Etat, les enfants ont été modelés dans l'idée que Dieu seul à qui l'on était soumis existait qui nous faisait aimer la patrie et la défendre absolument.

          Qu'une épouse devait à son mari fidélité et obéissance. Que les enfants devaient se lever de leurs chaises quand l'instituteur apparaissait dans la classe. Que l'on devait se découvrir devant le prêtre et les respectueux notables sur LEUR passage.

          Que l'on ne pouvait vivre autrement ni même songer à aspirer à autre chose que ce modèle imposé par le Pouvoir sans être, à travers les siècles, brûler comme sorcier ou sorcière, chassé de la ville ou du village, déshérité, emprisonné pour désertion et parfois même fusillé, renié, mis au ban de la société, le dernier et pire exemple des parias, prostituée honteuse ou fils indigne.

          Si l’on se déplaçait peu auparavant, quand les autoroutes éventreuses de terres arables n’avaient pas tuées les routes, quand celles-ci n’avaient non plus tuées les petits chemins, l’on se mariait avec la fille du village ou celle du village voisin.

          A une époique ou la contraception n’existaut pas ou peu,  ou les familles n’en finissaient pas de procréer (je connais des familles de paysans qui ont fait des enfants dans l’espoir que ceux-là viennent à aider aux champs et afin d’avoir des héritiers pour ne surtout pas que les voisins contre qui ils sont en guerre et qu’ils haïssent parfaitement ne puissent racheter leurs terres...) l’on se mariait avec la fille ou le garçon du village ou, au pire, celui de quelque village voisin qui pouvait très bien être un cousin.

          C’est ainsi que pendant des générations, des cas de consanguinité par dizaines de millions ont peuplé la terre...

          Et aujourd’hui, de délicats petits plaisantins houspillent contre ce qu’ils appellent l’invasion étrangère qui abâtardiraient ce qu’ils aiment à nommer la “race”...

          Le petit enfant craint l’instituteur, l’institueur, de temps à autre, s’emporte contre le curé qui lui reproche de s’accaparer le pouvoir, le jeune homme craiint le caporal qui craint le ministre des armées qui craint le roi ou le président de la République selon le pays où il se trouve. La jeune fille craint son père puis son mari, les hommes en général  et parfois Dieu en particulier.

          Aujourd’hui, les rôles sont inversés parfois : c’estl’instituteur ou le professeur qui craint l’élève, le mari qui craint la femme bien qu’il fasse dire partout qu’il est maître chez lui. Cette crainte qui est la base même sur laquelle s’appuit la domination de l’un ou de l’autre, ce goût du Pouvoir sur autrui, ce désir plus ou moins enfouis chez chacun de devenir exploitant pour ne plus souffir d’être exploité, c’est l’aliénation permanente de l’Individu qui voulant jouer ocntre autrui, joue ocntre lui-même dans la servilité la plus absolue !

 

Mercredi 17 janvier 2011. SBA

 

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